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La vérité éclate 64 ans après son assassinat

Qui est Ali Boumendjel?

Echoroukonline
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Qui est Ali Boumendjel?
AFP
Malika Boumendjel, la veuve d’Ali Boumendjel, à son domicile à Puteaux (Hauts-de-Seine), le 5 mai 2001

Presque 64 ans jour pour jour après son assassinat (le 23 mars 1957 par les parachutistes du tortionnaire Paul Aussaresses), le président français Emmanuel Macron a reconnu ce 2 mars 2021 que Ali Boumendjel a bel et été torturé et assassiné par l’armée coloniale française.

Un assassinat qui fut maquillé en suicide de longues années durant avant que le commanditaire de son assassinat, Paul Aussaresses n’avoue dans ses mémoires en 2001.

Naissance et parcours scolaire

Ali Boumendjel est né le 24 mai 1919 à Relizane, dans le nord-ouest de l’Algérie, fils de l’un des premiers instituteurs installés dans l’Oranie.

Son père, instituteur, lui transmit le goût des savoirs. Boumendjel fait son cursus scolaire à Larbaâ. Brillant élève qu’il fût, il réussit à décrocher une bourse qui lui permet d’entrer au collège Duveyrier de Blida, «pépinière nationaliste» où il rencontrera d’autres militants du nationalisme algérien tels qu’Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda et Saâd Dahlab.

Politique

Après le lycée, le brillant écolier s’est frayé une place à la faculté de droit à l’université d’Alger. Ali s’engagea en politique contre l’injustice instaurée par l’occupant français et en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

Ainsi, il suit le chemin de son frère aîné qui est proche de Ferhat Abbas qui deviendra premier président du GPRA en 1958.

Ali Boumendjel devient journaliste à “L’Égalité”, organe des Amis du manifeste et de la liberté.

En 1946, à la création de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) il en devient membre et devient, après 1954, l’avocat des nationalistes algériens. En 1955, il intègre le Front de libération nationale (FLN), et fait la liaison entre l’UDMA et le FLN.

Sa femme Malika a dit avoir appris de l’un des anciens camarades de son mari que Ali Boumendjel avait été le conseiller politique d’Abane Ramdane.

Famille

Ali Boumendjel a laissé derrière lui une veuve “Malika” et quatre enfants, Nadir, Sami, Farid et Dalila.

Torture et assassinat

Ali Boumendjel est arrêté le 9 février 1957, pendant la bataille d’Alger. Il est détenu en divers lieux de la région d’Alger et torturé. Il est assassiné quarante-trois jours après son arrestation, le 23 mars 1957, sur ordre du commandant Paul Aussaresses, qui le reconnaitra lui-même dans ses mémoires, confirmant que l’exécution avait été planifiée. Ali Boumendjel a été jeté du sixième étage d’un immeuble abritant un centre de torture, situé à El Biar sur les hauteurs d’Alger, permettant de maquiller son assassinat en suicide par défénestration.

Témoignage de Malika Boumendjel accordé au journal Le Monde

Je ne connais pas les circonstances exactes de la mort de mon mari. Je n’ai même pas eu le droit de voir son corps. Seuls, deux médecins de la famille l’ont aperçu, car ils avaient été appelés pour l’identifier à la morgue d’Alger. J’ai su par la suite que l’un d’eux avait dit à ma famille: « Ne la laissez pas voir le corps, elle ne s’en remettrait pas. »

Ma vie de femme s’est arrêtée le 23 mars 1957. C’était un dimanche. Mon plus jeune frère est arrivé en criant: «Ali s’est suicidé!» Il tenait un journal à la main. Je me suis sentie comme anéantie et, en même temps, je n’arrivais pas à y croire. Quelques jours auparavant, on nous avait prétendu qu’Ali, arrêté par l’armée quarante-trois jours plus tôt, avait fait une tentative de suicide. Il avait prétendument essayé de se couper les veines avec ses lunettes. Plus tard, j’ai appris qu’il souffrait en réalité de multiples blessures au poignard faites au cours de ses interrogatoires. C’était l’une des méthodes favorites du sinistre lieutenant Charbonnier…

Ce dimanche 23 mars, je me suis précipitée à l’hôpital militaire Maillot, puis au tribunal militaire. J’ai expliqué mon histoire à un jeune du contingent. Il est allé s’informer auprès de ses chefs, et, quand il est revenu, il avait l’air troublé et a bredouillé: «Je ne peux rien vous dire, allez voir au commissariat central.» C’est ce que j’ai fait. Là, le commissaire Pujol m’a reçue et il m’a dit tout de suite: «Vous ne le saviez pas ?» C’est comme cela que j’ai appris la mort d’Ali. J’ai eu l’impression de plonger dans des ténèbres absolues.

Je suis rentrée chez moi dans un état second.

Les militaires nous ont annoncé que les obsèques n’auraient lieu que le mercredi suivant, mais le corps ne m’a pas été rendu. Le jour de l’enterrement a été pire que tout. Je suis allée à la morgue. J’y ai aperçu Massu, en train de rendre les honneurs à un militaire tombé au combat. Pendant ce temps-là, on faisait passer en vitesse un cercueil plombé, celui de mon mari, qu’on a chargé à bord d’une fourgonnette, avant de prendre la direction du cimetière, sous escorte policière. Tout a été expédié en un quart d’heure. Ali a été enterré comme cela, sans cérémonie, sans rien. Il avait trente-huit ans.

Je me suis retrouvée seule avec mes quatre enfants âgés de sept ans à vingt mois: Nadir, Sami, Farid et la petite Dalila. J’ai appris peu à peu les activités politiques de mon mari. L’un de ses anciens camarades m’a appris qu’il avait été le conseiller politique d’Abane Ramdane l’ »idéologue » de la « révolution algérienne ». C’était un avocat engagé, un humaniste et un pacifiste. Bien avant l’insurrection, il était choqué par ce qui se passait en Algérie, en particulier dans les commissariats. La torture y était déjà largement pratiquée, et cela nous scandalisait.

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Commentaires
2
  • Amine

    Paix à son âme. A Dieu nous appartenons et à Dieu nous retournons. Gloire à nos martyrs. Malheureusement, après l'indépendance, certains ont tué nos martyrs une seconde fois, en abusant de leur confiance, en kidnappant la révolution en pillant le pays. Rabi Yahdina.

  • KF

    رحمه الله واسكنه فسيح جنانه والهم ذويه جميل الصبر والسلوان.