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Contrôlé, surveillé, harcelé: zoom sur le fléau de la génération 2.0

Cyber-harcèlement, parlons-en!

Nabila Hocine
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Cyber-harcèlement, parlons-en!
D.R

C’est une face bien sombre liée à l’avènement du numérique…Cyber-harcèlement, menaces en lignes, logiciels espions… La technologie offre un panel quasi illimité d’outils pour exercer une forme de pression, de violence ou de harcèlement sur les individus…

Intéressons-nous dans un premier temps au «cyber-contrôle», ce n’est peut-être pas un terme qui vous parle mais vous avez probablement déjà subi ses effets. Il s’agit de cyber-surveillance au sein du couple et, plus particulièrement, celle effectuée par le mari ou la femme. Tous ces mots sonnent sûrement un peu barbares mais c’est au final très simple: le conjoint surveille et/ou contrôle sa conjointe grâce aux nouvelles technologies (Smartphone, ordinateur, logiciels ou applications qui permettent la géo-localisation…).

Pour donner des exemples concrets, le guide « le cyber-contrôle: repérer et se protéger des risques en ligne» de Women’s Aid, a établi une liste de faits caractéristiques qui peuvent en être les symptômes. C’est une bonne manière d’en cerner mieux la définition.

Voyons si vous reconnaissez des situations vécues dans vos propres relations, en lisant cet extrait du guide:

-Il commence à contrôler votre vie, il veut savoir à qui vous envoyez des messages, des emails…Il est suspicieux, parfois même paranoïaque!

-Il vous contacte à de nombreuses reprises dans la journée, pour savoir où vous êtes.

-Il a l’air de savoir quand vous vous trouvez à un endroit inhabituel. Dans ce cas, il est possible qu’il ait installé un logiciel de géo-localisation sur votre téléphone.

-Il commence à vous envoyer des messages agressifs, injurieux, ou menaçants.

-Il contacte vos amis (es) ou votre famille pour vérifier ce que vous leur dites, obtenir des informations sur vous.

-Il a l’air de connaître des informations que vous ne lui aviez pas données, ou sait ce que vous faites en ligne, comme les sites Internet que vous consultez, les personnes avec lesquelles vous discutez en ligne ou celles à qui vous avez envoyé des emails. Dans ce cas, il est possible qu’il ait installé un logiciel espion sur votre ordinateur.

-Vous trouvez des emails marqués comme lus alors que vous ne les avez pas ouverts….

Alors, est-ce que vos signaux d’alarme s’enclenchent? Est-ce que vous reconnaissez des comportements auxquels vous-même, ou des proches ont été confrontés? Si la réponse est: «oui», vous êtes bien victime de cyber-contrôle!

Les cyber-violences conjugales sont un phénomène méconnu mais très courant. Certaines méthodes utilisées sont particulièrement discrètes, les victimes ne se rendent pas toujours compte qu’elles sont sous contrôle. Elles soupçonnent souvent que quelque chose cloche, par exemple si le conjoint semble un peu trop en savoir sur ses déplacements, mais sans parvenir à mettre le doigt sur le moyen utilisé.

De plus en plus de personnes subissant cette forme de violence sortent du silence, et parlent des différentes méthodes utilisées tout aussi effrayantes les unes que les autres.

Sarah a subi ces violences depuis 5 ans, elle n’a identifié la «cyber-violence» que depuis quelques mois, même si elle nous explique que son compagnon a toujours fouillé son téléphone. Depuis qu’elle accepte moins facilement son comportement toxique, il a développé de nouveaux moyens de contrôle; il vérifie par exemple le kilométrage de sa voiture et il a installé une application sur son Smartphone pour recevoir tous ses messages sur son téléphone à lui.

Omar quant à lui nous confie que sa femme fouillait tous ses appareils électroniques, supprimait en douce des contacts, faisait du chantage auprès de ses amis, réinstallait des applications, changeait les mots de passe ou se créait de faux comptes pour l’espionner.

«Elle allait même jusqu’à utiliser mon doigt pendant mon sommeil pour déverrouiller le système de reconnaissance digitale de mon téléphone, ça a mis plusieurs mois pour que je me rende compte de certains trucs, j’avais des messages privés qui étaient passés de non-lus à lus pendant mon sommeil sur Instagram et Facebook», témoigne-t-il.

Etonnant? Mais ce ne sont pas des cas isolés, si vous aussi, vous pensez que votre conjoint ou conjointe surveille vos déplacements, fouille dans votre mobile, lit vos SMS ou vous traque en utilisant un logiciel-espion…Réagissez, demandez de l’aide à un professionnel, plaignez-vous et ne subissez surtout pas cette forme de violence. En quelques clics, les conjoints oppressants sont devenus capables de vous faire endurer des pressions psychologiques et cela peut s’avérer fatal. N’oubliez pas que le cyber-contrôle peut débarquer à tout moment dans une relation abusive. Il peut être un signe avant-coureur que la situation est en train de se dégrader et de devenir toxique, comme il peut être l’ultime détail confirmant que la relation n’est pas saine.

Pourquoi les réseaux sociaux nuisent-ils à votre couple?

Selon les spécialistes, s’il y a plus de divorces aujourd’hui, c’est notamment parce qu’on découvre le vrai visage et les cachotteries de l’autre beaucoup plus facilement.

«Le fait d’être ultra-connecté provoque de la jalousie, aujourd’hui on peut surveiller, voire espionner l’autre de manière très simple. J’ai déjà eu des personnes en consultation qui m’ont confié avoir téléchargé une appli pour suivre pas à pas tous les déplacements du conjoint, ça peut aller très loin dans certains cas…», nous raconte un psychologue.

D’ailleurs une relation qui fonctionne bien n’a pas nécessairement besoin d’Instagram, Facebook, Twitter ou Snapchat. Au contraire : «suivre son ou sa conjointe sur les réseaux sociaux amène souvent un tsunami d’ennuis», prévient le psychothérapeute américain Ian Kerner qui nous donne quelques conseils pour affronter ces épreuves. Selon lui, le fait de supprimer son ou sa partenaire des réseaux sociaux est une décision efficace, il avoue lui-même l’avoir fait. Ian Kerner explique également l’importance de laisser son téléphone au fond de sa poche lorsqu’on passe des moments à deux ; un moyen de savourer le moment présent, souvent entaché par l’attention détournée et les yeux rivés sur les écrans.

Le cyber-harcèlement des enfants, l’autre fléau de la génération 2.0!

Friands des nouvelles technologies, les jeunes en sont parfois paradoxalement, les premières victimes. Le cyber-harcèlement, ou violence virtuelle qui s’exerce derrière un écran d’ordinateur ou d’un téléphone portable, touche de plus en plus d’adolescents. Prolongation des brimades subies pendant les cours de récréation, le cyber-harcèlement a pour caractéristique d’agir dans l’ombre, bien à l’abri derrière un clavier. Les harcelés, cibles impuissantes de ces injures, menaces et autres diffamations en ligne, vivent un véritable cauchemar. Les conséquences? Dépression, déscolarisation, troubles du comportement, voire suicide pour les plus fragiles…

Les post blessants sur Facebook et les mails peuvent être envoyés à tout moment. De plus, les enfants qui éviteraient habituellement les attaques verbales en face-à-face peuvent avoir recours au cyber-harcèlement. Ne présentant aucun risque immédiat de représailles physiques et par la même occasion de faire face à la réaction émotionnelle de la victime les «cyber-harceleurs» se comporteront souvent de façon bien plus injurieuse qu’ils ne le feraient s’ils étaient en face de leur victime.

Le cyber-harcèlement doit être intégré dans une politique de prévention et de lutte contre le harcèlement car certains le réduisent à un problème mineur, qui serait juste amplifié par des parents qui surprotègent leurs enfantsEn attendant, les adultes peuvent aider à réduire l’impact du cyber-harcèlement en surveillant l’activité en ligne de leurs enfants et en établissant avec leurs progénitures des règles d’utilisation des appareils électroniques.

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