-- -- -- / -- -- --
إدارة الموقع

Karima Khatim, élue LFI : La diaspora algérienne est utilisée comme un épouvantail dans le débat politique français

Madjid Serrah
  • 882
  • 0
Karima Khatim, élue LFI : La diaspora algérienne est utilisée comme un épouvantail dans le débat politique français
Capture d’écran : Global Africa Telesud
Karima Khatim

Au cœur de la crise diplomatique entre l’Algérie et Paris, les discours de l’extrême droite française ciblant la communauté algérienne en France s’intensifient, créant un climat de tension.

Pour comprendre comment les “Franco-Algériens” vivent cette crise diplomatique et son impact sur eux, Echorouk/Echorouk Online s’est entretenu avec Karima Khatim, élue de La France Insoumise à Le Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, et présidente de la Fédération franco-algérienne de consolidation et du renouveau, qui regroupe des centaines d’élus et d’acteurs majeurs de la société civile française.

La situation actuelle des binationaux soulève plusieurs questions profondes et interconnectées, issues d’un contexte politique et social français marqué par des tensions historiques, des divisions idéologiques et des défis structurels au sein de la Cinquième République.

Le ciblage des immigrés algériens et de leurs descendants en France ne date pas d’aujourd’hui. L’extrême droite française est “un courant politique qui s’est nourri de la nostalgie coloniale et de la frustration d’une défaite historique”, comme l’a décrit l’historien Fabrice Riceputi dans un entretien précédent avec Echorouk Online.

Karima Khatim abonde dans ce sens : “Les attaques médiatiques et politiques contre les Algériens en France ne sont pas un phénomène nouveau, elles sont enracinées dans un imaginaire colonial qui refuse de disparaître. Ce discours vise à perpétuer une vision biaisée de notre communauté et à l’empêcher de s’imposer pleinement dans la société française.”

Elle ajoute : “Aujourd’hui, la diaspora algérienne est constamment mise sous pression, utilisée comme un épouvantail dans le débat politique français. On la pointe du doigt dès qu’une crise éclate, alors qu’elle est un acteur essentiel du tissu social et économique du pays.”

Ce n’est pas la première fois que les descendants d’immigrés algériens en France font face à une telle situation. À chaque crise de ce type, ils sont d’abord perçus à travers leurs origines, ce qui reflète l’échec de la France à les intégrer pleinement.

Karima Khatim explique : “L’extrême droite n’a jamais digéré le fait que l’Algérie ait obtenu son indépendance après une lutte acharnée. Ils réécrivent l’histoire et utilisent l’immigration comme un levier politique, créant une atmosphère de suspicion permanente autour des Franco-Algériens.”

Elle insiste sur le fait que l’extrême droite, faute de projets concrets à proposer à la société française, “se sert de la question algérienne comme d’un outil de diversion. Au lieu de répondre aux vrais problèmes sociaux et économiques, elle préfère raviver les blessures du passé et attiser la peur.”

Un grand nombre de “Franco-Algériens” en France font aujourd’hui partie de l’élite du pays dans divers domaines, mais leurs voix sont rarement entendues dans les médias français, qui ne leur donnent que peu la parole.

Alors que l’Algérie est au centre de cette crise diplomatique entre les deux pays, elle est devenue un sujet de premier plan dans de nombreux médias dominants en France, avec des émissions télévisées et des pages entières dans les journaux qui lui sont consacrées. Pourtant, les “Franco-Algériens” y sont rarement invités, et lorsqu’ils le sont, ils sont souvent la cible d’attaques et accusés d’être des “ennemis de la République”.

Cela se vérifie aussi bien sur les plateaux de télévision, comme en témoigne Karima Khatim, qui a participé à l’émission Morandini Live sur la chaîne CNews du milliardaire Vincent Bolloré, le vendredi 10 janvier 2025. Lors d’un débat tendu sur le refus de l’Algérie d’accueillir un “influenceur” expulsé par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le présentateur Jean-Marc Morandini lui a lancé : “Vous vous dites Franco-Algérienne, mais vous ne défendez que l’Algérie ! Défendez aussi la France !”

Le même phénomène s’observe sur les réseaux sociaux et dans les médias d’extrême droite, comme l’a vécu le politologue Nedjib Sidi Moussa après sa prise de position sur le discours de l’écrivain controversé Boualem Sansal, lors de son passage dans l’émission C Politique sur France 5, le dimanche 24 novembre 2024, sous le titre “France-Algérie : la guerre sans fin”.

Cette marginalisation systématique et la propagation de stéréotypes négatifs sur les Algériens par certains médias dominants en France “montrent à quel point la mémoire coloniale continue d’influencer le débat public. On veut nous cantonner à un rôle de bouc émissaire, sans jamais nous accorder la place qui nous revient”, estime Karima Khatem.

Elle poursuit : “L’Algérie est un pays souverain qui avance malgré les attaques et les manipulations. Les tentatives de la discréditer ne font que renforcer notre détermination à défendre son image et ses intérêts.”

Karima Khatim souligne qu’il est essentiel de “ne pas tomber dans le piège de la division. Notre communauté doit s’organiser, faire entendre sa voix et montrer qu’elle est une force constructive dans les deux pays.”

À la tête de la Fédération franco-algérienne de consolidation et du renouveau, une association visant à “renforcer et mettre en œuvre des projets communs pour consolider les relations bilatérales entre l’Algérie et la France”, Karima Khatim insiste sur la nécessité d’unir la communauté franco-algérienne autour d’une structure claire, organisée et protégée.

Elle conclut : “Nous devons, en tant que citoyens binationaux, défendre les intérêts de l’Algérie et ses positions, notamment face à la désinformation médiatique sans précédent en France. À cet égard, la préservation de la mémoire nationale à travers des témoignages et des sujets liés à l’histoire riche de l’Algérie nous permettra de mieux aborder les questions de son présent et de comprendre son avenir avec plus de clarté.”

Ajoutez un Commentaire

Tous les champs sont obligatoires et votre e-mail ne sera pas publié. Veuillez respecter la politique de confidentialité.

Votre commentaire a été envoyé pour examen, il sera publié après approbation!
Commentaires
0
Pardon! Il n'y a pas de contenu a afficher!