Amnesty salue les efforts de l’Algérie pour mettre fin aux souffrances des Palestiniens
La directrice de la section algérienne d’Amnesty International, Hassina Oussedik, a évoqué les violations généralisées et systématiques des droits de l’Homme commises par l’occupation israélienne contre les Palestiniens, soulignant qu’elles ont commencé bien avant le 7 octobre 2023.
Dans ses réponses aux questions d’Echoroukonline, Hassina Oussedik a dénoncé le mépris de l’occupation israélienne pour le droit international et la politique des « deux poids, deux mesures » menée par les États-Unis et plusieurs pays européens, rendant ainsi les institutions onusiennes incapables de mettre un terme aux atrocités commises à Gaza, mais aussi au Soudan, au Myanmar, au Yémen et au Liban.
Oussedik a également salué les efforts importants de l’Algérie pour mettre fin aux souffrances des Palestiniens, qui vivent un drame sans précédent.
Echoroukonline : Comment évaluez-vous la situation des droits humains et humanitaires à Gaza un an après la guerre ?
Hassina Oussedik : Tout d’abord, il est important de souligner que les violations des droits humains commises dans le Territoire palestinien occupé ont débuté bien avant le 7 octobre 2023. L’occupation de la Palestine par Israël se caractérise par des violations généralisées et systématiques des droits humains des Palestiniens, elle a favorisé et enraciné le système d’apartheid imposé par Israël aux Palestiniens et Palestiniennes.
Concernant la situation à Gaza un an après le début de la guerre, les bombardements aveugles et délibérés contre des personnes et des infrastructures civiles menés par l’armée israélienne ont fait plus de 41 500 morts, des milliers de disparus et 1,9 millions de déplacés, soit 90% de la population. La plupart des infrastructures civiles de Gaza ont été détruites.
Cette offensive dévastatrice a engendré une catastrophe humanitaire sans précédent, les Palestiniens et Palestiniennes sont privés sciemment d’accès à une nourriture suffisante, à l’eau, à un abri, à des installations sanitaires et à une assistance médicale.
Des familles entières ont été anéanties, de nombreux palestiniens n’ont toujours pas retrouvé les corps de leurs proches, y compris des enfants, ensevelis sous les décombres de leurs maisons détruites par les bombardements de l’armée israélienne.
Des centaines de familles à Gaza continuent de chercher des informations au sujet de leurs proches détenus dans les prisons israéliennes sans inculpation ni jugement et dont beaucoup ont été torturés.
Amnesty, d’autres ONG et agences onusiennes ont publié de nombreux rapports documentant des violations flagrantes à l’encontre des Palestiniens, mais l’impact de ces rapports semble limité. Selon vous, quelles en sont les raisons ?
Les actions de plusieurs grandes puissances du Nord ainsi que certains pays du Sud, comme les attaques de la coalition menée par l’Arabie saoudite contre le Yémen, ont affaibli l’ordre mondial fondé sur des règles qui avait été établi à partir de 1945. Les principes inscrits dans la Charte des Nations unies, les Conventions de Genève, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et le droit international relatif aux droits humains ont tous été bafoués, notamment par une utilisation abusive et sélective du droit de veto au profil d’intérêts économiques ou politiques.
Israël, mais aussi les Etats-Unis et plusieurs pays européens, ont montré un mépris flagrant pour le droit international. Plusieurs pays et particulièrement les Etats-Unis continuent d’envoyer des armes à Israël.
Les Etats-Unis ont utilisé, à trois reprises, leur droit de véto contre les résolutions du Conseil de sécurité en faveur d’un cessez-le-feu. Des pays européens comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui ont dénoncé les crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine et les attaques du Hamas, ont soutenu les actions d’Israël et des Etats-Unis.
C’est cette politique du « deux poids, deux mesures », dénoncée par Amnesty International, qui a fait que les institutions créées pour protéger la paix et les civils lors des conflits, ont été incapables de mettre un terme aux atrocités commises à Gaza mais aussi au Soudan, au Myanmar, au Yémen et aujourd’hui au Liban.
Quel est l’avis d’Amnesty International Algérie sur les efforts déployés par l’Algérie pour mettre fin à la guerre, notamment à la lumière de son statut de membre non permanent du Conseil de sécurité ?
Amnesty International ne peut que saluer les efforts importants de l’Algérie pour mettre fin aux souffrances des Palestiniens et Palestiniens qui vivent un drame sans précédent.
Depuis le début de son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Algérie n’a pas ménagé ses efforts notamment en initiant plusieurs réunions et résolutions en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza. En janvier 2024, elle a demandé l’exécution de la décision de la Cour internationale de justice qui avait ordonné à Israël de prendre des mesures conservatoires pour protéger les civils en raison de risque réel de génocide.
Les positions de l’Algérie et d’Amnesty International se rejoignent pour l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat. Amnesty International continue de se mobiliser à travers le monde pour un arrêt des transferts illégaux d’armes qui alimentent le conflit à Gaza, dont les conséquences sont terribles pour les civils et tout particulièrement les enfants.
Quelles recommandations proposez-vous pour réformer le système international, qui semble aujourd’hui impuissant face aux violations persistantes à Gaza ?
Amnesty International appelle, depuis plusieurs années, à une réforme du Conseil de sécurité afin que les membres permanents ne puissent plus utiliser leur droit de veto sans aucun contrôle.
Nous appelons aussi tous les pays membres de l’ONU à s’attaquer aux causes profondes des conflits, y compris la discrimination raciale et ethnique, et veiller au respect du droit international humanitaire notamment en ce qui concerne la protection des populations civiles.
Les gouvernements doivent également renforcer les institutions des Nations Unies, dont le Conseil des droits de l’homme, qui devrait jouer un rôle de prévention, et le système des procédures spéciales et les organes qui enquêtent sur les crimes de droit international pour mettre fin à la culture de l’impunité.