Le président mauritanien à Echorouk El Yaoumi : Résoudre la question Sahraouie pour construire l'UMA

Le président mauritanien Sidi Mohammed Ould Sidi Cheikh Abdallahi estime que les dernières agressions terroristes enregistrées en Mauritanie étaient des actes isolés et limités.

   Dans un entretien exclusif accordé à Echorouk El Yaoumi, il avoue que son pays a été touché par le terrorisme à l’image d’autres pays puisque le phénomène est mondial, mais souligne néanmoins que la Mauritanie est parmi les pays les plus à l’abri de l’expansion du terrorisme. Le président mauritanien a évalué positivement la coopération dans le domaine sécuritaire entretenue avec l’Algérie, relevant les résultats réalisés par les mécanismes de lutte antiterroriste. Il a affirmé que la coopération bilatérale touche à différents domaines. Il considère que la résolution de la question Sahraouie constitue une étape importante dans la construction d’une Union du Maghreb. Dans cet entretien, il revient sur l’avenir des relations israélo-mauritanienne et du retour en force des islamistes…  

Naila.B:Sur la base de la série d’incidents enregistrés depuis une année, pouvons-nous dire, monsieur le président, que la Mauritanie est devenue un nouveau foyer du terrorisme dans la région du Maghreb? 

Le président mauritanien Sidi Mohammed Ould Sidi Cheikh Abdallahi: La Mauritanie n’est ni un foyer du terrorisme ni une extension de ce phénomène dans la région. Ce qui s’y est produit, c’est des actes isolés et limités qu’on ne peut qualifier de “série”. Ces actes ont attiré l’attention parce qu’ils se sont produits dans un pays connu pour la foi et le pacifisme de ses citoyens et qui n’est pas coutumier du fait. Mais le terrorisme est un fléau mondial, comme vous le savez, et même si la Mauritanie a été touché par ce fléau, elle demeure par la nature de son peuple un des pays les plus à l’abri de l’expansion de ce fléau. 

Naila.B: Mais ne pensez-vous pas, monsieur le président, que le phénomène pourrait trouver sa source dans les tensions politiques, sociales et religieuses?

Le président mauritanien: On peut différencier entre l’explication du phénomène de terrorisme et sa justification car de nombreuses explications prennent la forme de justifications. Le terrorisme, quelles que soient ses formes est condamné et injustifiable. Les tensions dont vous parlez surgissent dans toutes les sociétés et notre part en est faible, fort heureusement. Elles doivent être réglées à travers le dialogue comme nous le faisons dans notre pays et dans tous les cas, la violence n’est pas une solution, ni la meilleure solution

.B: Quelle lecture faites-vous alors des tentatives de certaines parties d’amplifier le danger terroriste dans le Sahel Africain, des parties qui parlent de menaces de l’organisation d’Al-Qaida dans les pays du Maghreb islamique?

Le président mauritanien: Il nous revient de corriger cette image. La région du Sahel n’est pas une région de menaces terroristes et a été épargnée des plus violentes crises qui ont ravagé, les années passées, d’autres régions du continent. Une coopération internationale est établie pour lutter et faire face à une éventuelle menace terroriste.

 Naila.B: En parlant de terrorisme, comment évaluez-vous, monsieur le président, la coopération dans le domaine sécuritaire avec les pays de la région, notamment l’Algérie, et avec les Etats-Unis?

Le président mauritanien: Ce qui nous lie à l’Algérie dépasse cet espace restreint. Nos deux pays sont complémentaires en toutes choses. Nous coopérons dans tous les domaines y compris sécuritaire, en particulier en ce qui a trait à la sécurité des frontières et la lutte contre l’immigration clandestine. Je noterais ici les résultats réalisés par les forces de sécurité algériennes en matière de lutte antiterroriste

islamistes en Mauritanie ont été longtemps interdits. Vous leur avez permis de revenir dès votre avènement à la tête du pays. Avez-vous prévu des restrictions pour éviter ce qu’on appelle l’islamisme politique?

président mauritanien: Il n’existe pas en Mauritanie de parti islamique. La loi interdit la formation de partis sur une base religieuse. Notre société est à 100% musulmane et notre constitution proclame l’islam religion de l’état et référence de la législation. Cela dit, des groupes ont présenté des demandes pour créer des partis politiques et ils ont été autorisés en toute transparence. Nous ne les considérons pas comme partis religieux mais partis politiques à l’instar des autres formations  qui respectent les lois de la république sans verser dans l’extrémisme

Naila.B: Comment faites-vous face au refus populaire à l’établissement de relations avec Israël alors que vous aviez promis de soumettre la question au parlement?

Le président mauritanien: Nous n’avons pas établi cette relation avec Israël mais nous l’avons héritée. Nous avons promis de traiter ce dossier en prenant en considération les questions arabes et en coordination avec nos frères palestiniens. Nous consulterons toutes les parties politiques de notre pays en assurant au peuple palestinien notre soutien indéfectible dans sa lutte contre l’occupation israélienne. 

Naila.b: Revenons, si vous permettez, monsieur le président, à la politique extérieure. Comment évaluez-vous la situation actuelle de l’UMA et où se situe la faille, selon vous?

Le président mauritanien: Nous sommes sincèrement navrés de la lenteur du processus de l’Union du Maghreb Arabe qui n’est pour nous qu’un simple choix. Un choix, unique et d’une grande importance, auquel aspirent tous les peuples de la région. Nous ne rejetons la responsabilité sur personne mais nous préférons œuvrer pour réaliser notre projet du Maghreb. 

Naila.b: Dans ce sens, quelle est la position de la Mauritanie envers la crise du Sahara Occidental?

 Le président mauritanien: La position de la Mauritanie est inchangée. Nous appuyons l’initiative onusienne visant à trouver une solution acceptable des parties en conflit. La Mauritanie contribue de manière efficiente dans l’initiative internationale en maintenant le contact avec nos frères en souhaitant de parvenir à un règlement qui constituera un pas important dans la construction d’un Maghreb uni. 

 Naila.B: Notre journal est honoré de vous avoir rencontré et vous remercie de lui avoir accordé cet entretien.

Merci monsieur le président.

Le président mauritanien: Nous conservons les mêmes sentiments envers l’Algérie  que lors de sa glorieuse révolution. Nous apprécions la politique de l’Algérie indépendante tant au niveau continental qu’international. Nos relations économiques avec l’Algérie sont intenses et l’avenir de ces relations ne pourra être que fructueux. Les diplômés mauritaniens des instituts et universités algériens sont nombreux; ils auront un rôle important à jouer pour développer les relations bilatérales dans l’intérêt de nos deux peuples.