Medvedev chez Bouteflika : chassé-croisé franco-américano-russe au Maghreb et au Sahel

L’Algérie est militairement équipé par près de 80% de l’armement et des équipement de guerre russe, et la quasi-totalité des officiers supérieurs de l’ANP ont fait leur formation dans les grandes écoles militaires de l’ex-URSS, comme Odessa, Moscou ou encore Vladivostok.

• Le président russe Dmitri Medvedev effectue mercredi, une visite officielle en Algérie, au cours de laquelle le volet économique a eu la priorité des discussions entre les deux chefs d’Etat. Toutefois, il ne faut perdre de vue que la Russie est le fournisseur traditionnel de l’Algérie en armement, et un allié militaire de premier ordre. Ce qui revient à dire que le volet militaire a été aussi à l’ordre du jour. Il ne faut pas aussi perdre de vue non plus que cette visite intervient dans un contexte marqué par une présence accrue des Américains et des Français dans la région sahélienne, et que les Russes ne laisseront jamais la partie facile aux Occidentaux dans une région qu’il connaissent bien militairement.
• Le rapt des cinq Français au Niger, et leur déplacement vers le Mali, par les hommes d’AQMI, a justifié une présence militaire française tant au Niger qu’en Mauritanie. Le Mali, quant à lui, ouvre toutes grandes ses portes tant aux Américains, avec lesquels Bamako est liée par le pacte « Pan-Sahel », qu’aux Français, à la faveur de la tentative de la négociation pour dénouer l’épisode des cinq Français.
• Dans ce patchwork sécuritaire, Alger, acteur majeur de la région et puissance militaire no 1 semble exclue, ou du moins, c’est qu’elle semble montrer aux autres pays. Pour le moment, les trois pays limitrophes à l’Algérie ne maîtrisent pas le jeu sécuritaire, mais laissent faire les pays occidentaux. D’ou la colère d’Alger de voir prendre feu dans ses frontières sud. 
• L’Algérie est militairement équipé par près de 80% de l’armement et des équipement de guerre russe, et la quasi-totalité des officiers supérieurs de l’ANP ont fait leur formation dans les grandes écoles militaires de l’ex-URSS, comme Odessa, Moscou ou encore Vladivostok.
• Un communiqué du Kremlin publié vendredi précise que cette « visite aura lieu à l’invitation du président Abdelaziz Bouteflika ». Des sources diplomatiques russes à Alger avaient indiqué, il y a quelques jours que près de 120 hommes d’affaires feront partie de la délégation présidentielle russe qui fera le déplacement d’Alger. La caractère ponctuelle de la visite est économique et commerciale, car Moscou a apprit à faire de la politique pécuniaire depuis la chute de l’Union des Républiques, mais l’aspect militaire, stratégique géostratégique est plus que présent, dans un contexte ou l’Algérie se voit entouré de mauvais joueurs dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne.
• La réunion de Bamako, dite du « G8 », risque d’être un motif de tensions de plus, au lieu de calmer les choses et de dénouer les enchevêtrements du Sahel. Sous couvert de lutte anti-terroriste, les puissances occidentales tentent de prendre pied au Sahel, mais l’Algérie, aidé par des pays comme la Libye, le Nigeria et l’Afrique du Sud, rejettent cette option, préférant une armée africaine pour mener la lutte à terme. Car si les choses restent en l’état, ou avancent au rythme actuel, le Sahel pourrait bientôt devenir un autre Irak ou un autre Afghanistan…