Samir Chaâbna : « Je trouverais des solutions aux problèmes des vivants et des morts en France »

Le correspondant de l’ENTV, tête de liste du Front al-Moustakbal à Marseille, Samir Chaâbna s’est engagé à trouver des solutions de la communauté algérienne établie en France, notamment le problème des « morts ». Dans une interview accordée à Echorouk, il parlera du « rêve » des harraga algériens qui souhaitent rentrer en Algérie à cause des conditions très difficiles dans lesquelles ils vivent. Il abordera également le racisme à l’égard des Algériens dans ce pays.

 Echorouk : vous êtes un célèbre journaliste, pourquoi avez-vous décidé de participer aux prochaines élections législatives en tant que candidat ?

 Samir Chaâbna : j’avais travaillé pendant 17 ans avec la communauté algérienne établie en France et en Amérique du Nord. Mon travail de journaliste m’a permis de connaître les problèmes rencontrés par les Algériens établis à l’étranger. En outre, j’ai couvert plus de 10 échéances électorales. Ces expériences m’ont montré que les députés représentant la communauté algérienne à l’étranger n’accomplissent pas leur mission et leur devoir. En outre, ils n’ont pas pu résoudre les problèmes des Algériens qui les ont choisis. Lorsqu’un Algérien décède à l’étranger, ce sont ses concitoyens qui cotisent de l’argent pour son rapatriement. Or, pour les ressortissants tunisiens et marocains, ce sont les gouvernements respectifs de ces deux pays frères qui se chargent du rapatriement des dépouilles. En plus de cela, il n’ y a pas de banques algériennes en France. Par conséquent, les Algériens déposent leur argent dans les banques tunisiennes et marocaines.

 Echorouk : vous ne croyez pas que avez fait un tableau noir de la situation de notre  communauté établie à l’étranger, notamment en France ?

 Samir Chaâbna : Non, pas du tout. Ce que je vous dis est vrai. La majorité des Algériens, notamment la frange des jeunes a une fausse idée des conditions de vie de notre communauté à l’étranger. Il faut  savoir qu’une bonne partie de nos immigrés emprunte de l’argent pour partir en Algérie, notamment après la crise économique qui a touché de plein fouet l’Europe. Par ailleurs, beaucoup d’Algériens, notamment des harraga qui vivent dans des conditions difficiles en Europe, en France en particulier souhaitent rentrer au pays. Je souligne également que le racisme à l’égard des Algériens a doublé d’intensité ces dernières années.

 Echorouk : ne redoutez-vous pas la fraude des élections au sein de la communauté nationale établie à l’étranger ?

 Samir Chaâbna : la fraude est la « bête noire » de tous les peuples. Toutefois, nous avons expliqué à notre communauté que les prochaines élections législatives seront transparentes et crédibles. Ces élections répondront à leurs aspirations.

 Echorouk : qu’allez-vous apporter et qu’allez-vous faire à la communauté nationale établie à l’étranger en cas de votre victoire aux prochaines élections législatives ?

 Samir Chaâbna : avant tout, je m’engage à travailler dur pour résoudre tous les problèmes de notre communauté à l’étranger, notamment le problème majeur du rapatriement des morts. Beaucoup d’émigrés algériens passent leur vie dans des conditions très difficiles en France. Ils sacrifient leur jeunesse pour envoyer de l’argent à leurs familles en Algérie, mais une fois morts, ils restent dans les morgues entre un mois et deux mois avant d’être rapatriés en Algérie pour leur enterrement. La résolution de ce problème sera l’une de priorités de mon programme. Outre à cela, je trouverai des solutions aux problèmes de notre jeunesse et de nos compétences mal exploitées. Cette richesse humaine négligée et marginalisée a décide de quitter le pays pour s’installer dans plusieurs pays du monde.  Il n’est un secret pour personne que beaucoup de présidents d’associations, de journalistes, de cadres d’entreprises à l’étranger sont des Algériens. Alors pourquoi ne pas les exploiter et  faire appel à eux pour le bien de notre pays ? L’Algérien ne vaut rien en France, en dépit de notre grand nombre (plus de 5 millions d’Algériens vivent en France), nous n’avons pas pu former un lobby algérien. Les Algériens ne sont pas encadrés et ni organisés pour améliorer leur situation. L’autre problème que rencontre notre communauté en France, c’est l’absence d’école pour l’enseignement de la langue arabe, mis à part une école à Paris.

 Echorouk : avez-vous un commentaire à faire sur l’affaire de Mohamed Merah ?

Samir Chaâbna : nous vivons des événements pareils de temps en temps. Cependant, nous n’avons pas de données qui nous permettent de dire que cette affaire a été exploitée  dans la campagne électorale. En plus de cela, les conditions de sa mort ne sont pas claires. Le problème est en nous en tant qu’Algériens. Si nous étions organisés comme toutes les autres communautés, Nicolas Sarkozy et son rival François Hollande auraient négocié avec nous pour que nous leur donnions nos voix, non pas pour nous attaquer. L’ Algérien est perçu comme un monstre en France. Moi personnellement, je suis victime de racisme et d’islamophobie  en France.