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Yacef Saadi: « Larbi Ben M’hidi n’a tiré aucune balle! »

الشروق أونلاين
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Djaâfar Saâda
Yacef Saadi en compagnie de la journaliste de Echorouk

Le colonel Yacef Saadi nous relate dans cet entretien qu’il nous a accordé les importants points de discorde entre lui d’autres éminentes icônes de la glorieuse Révolution algérienne. Après insistance, le révolutionnaire a accepté en fin de compte de mettre la lumière sur l’arrestation de Larbi Ben M’hidi et les zones d’ombre constatées autour de cette arrestation.

De plus, il éclaircit les causes de son éclipse de la sphère politique au lendemain de l’Indépendance en refusant le portefeuille qu’on lui a proposé sous le règne de Boumediène.

Par ailleurs, il a démenti ce qui a été mentionné dans les mémoires du tortionnaire Aussaresses indiquant la « trahison de Yacef de la Révolution qui touche une pension du gouvernement français jusqu’au jour d’aujourd’hui ».

Quelle était la tâche qui vous a été confiée pendant la Révolution?

 

A cet époque, un homme « Tchikou » m’a chargé de tuer un autre qui s’appelle Laazib mais je n’ai pas réussi à lui dessus en raison d’un problème dans l’armé qu’on m’a donnée. Ensuite, je suis allé attendre Mourad Didouche dans sa boulangerie. J’ai appris alors que Didouche était allé à Constantine et que Rabah Bitat a rejoint Alger. Ce jour là, Bitat a dressé un guet-apens aux soldats français à Blida en compagnie de Ouamrane et Krim Belkacem. Parallèlement à cette embuscade, Ben Boulaid a tué un français.

Au déclenchement de la Révolution, Rabah Bitat a été chargé de lutter à Alger, Larbi Ben M’hidi à Oran, et Didouche Mourad a été chargé de continuer la lutte à Constantine.

Pourriez-vous parler nous de Larbi Ben M’hidi?

Larbi Ben M’hidi qu’on qualifiait de « sage » était à Oran et n’a lutté un seul jour à Alger. On s’est vu à Oran lorsque je suis allé l’informer de la date de la tenue d’une rencontre d’évaluation des réalisations de la Révolution. Lui, il était membre du Comité de coordination et d’exécution  (CCE) et n’a tiré une seule en direction des soldats français.

Comment avez-vous connu Rabah Bitata?

Lorsqu’il était venu, il ne connaissait et ne trouvait personne, car ceux qui luttaient à Alger ne connaissaient que Didouche Mourad.  On lui avait recommandé de prendre attache avec Mouloud Hamzaoui, propriétaire à l’époque d’un salon de coiffure. Ce dernier me l’avait présenté dans la boulangerie de mon père. Je l’avais introduit dans une pièce de la boulangerie et on s’était mis à converser. « Je n’ai trouvé personne », m’a –t-il dit. Je suis là, lui répondis-je, et prêt au djihad et apporter le soutien nécessaire à la Révolution.  

Je lui ai alors remis une somme de 7.000 dinars et lui dit que c’était tout ce que je possédais. « Pouvons-nous deux faire face à l’armée française avec ce peu de moyens ? », lui-demandai-je.

« Bon ! D’abord, on doit prendre contact avec les leaders de l’ensemble des régions du pays », m’a –t-il répondu avec optimisme et espoir. Effectivement, je suis allé à la rencontre de Didouche Mourad à Smandou, localité située entre Constantine et Skikda, puis en Kabylie, et puis Souidani Boudjemaâ à Chebli. Je les ai tenus au courant de la rencontre prévue en janvier. Abane Ramdane nous a rejoint après avoir passé cinq en prison et était alors placé sous résidence surveillée à Michelet. A cette époque, Krim Belkacem a dit que si Abane avait été en dehors de la geôle, il aurait participé au déclenchement de la Révolution avec le groupe de six (6), au vu de son intelligence et de son nationalisme. Ensuite, Abane nous a rejoints à la Casbah.

C’est vous qui l’avez emmené jusqu’à la Casbah?

Non…on lui a donné rendez-vous ici à la Casbah. Je l’ai accompagné jusqu’ici et l’emmené chez moi où  étaient hébergés d’autres.

Qui sont-ils?

Rabah Bitat, Krim Belkacem, Ouamrane, Abane Ramdane, Lamine Debaghine qui était sorti de la prison ainsi que Mehri, sorti lui-aussi de la prison et puis envoyé à l’étranger. A l’issue de leur réunion, ils ont décidé d’exclure Alger de toute action révolutionnaire.

Quelle avait été votre réaction?

Je me suis opposé ouvertement à cette décision et j’ai insisté à ce qu’Alger soit un champ d’opération comme d’autres villes du pays. « Vous vous êtes trompés. Nous devons nous focaliser plutôt sur Alger, car les informations à Alger sont vite transmises vers le reste du monde, et c’est là notre but. Concentrer l’action en montagnes et dans les wilayas intérieures n’aura pas l’écho escompté. Au final on m’a dit: « Compte sur le Bon Dieu ! »

      A suivre…

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