Espagne: Gas Natural, qui veut s'affranchir de l'Algérie, approche Gazprom

Le groupe espagnol Gas Natural s'est rapproché lundi du géant russe Gazprom en signant un accord de collaboration commerciale dans le domaine du gaz naturel liquéfié (GNL), prélude à une collaboration “étroite”, selon Gas Natural, qui cherche à s'affranchir du gaz algérien.

• “La signature de cet accord montre l’intérêt des deux compagnies pour développer une étroite collaboration stratégique au cours des deux prochaines années, tant dans le domaine du GNL que dans d’autres activités”, selon le premier groupe gazier espagnol.
• Gas Natural “travaille avec Gazprom pour analyser de possibles collaborations dans d’autres activités (que le GNL) comme des opérations par gazoduc, d’électricité ou le commerce de droits d’émissions de CO2”.
• L’accord, dont les conditions financières n’ont pas été dévoilées, “établit les conditions générales pour réaliser des opérations ponctuelles de GNL, il permettra de conclure des transactions de manière fluide pour saisir des opportunités concrètes quand les conditions de marché seront favorables”.
• Il s’agit du deuxième témoignage de rapprochement entre Espagnols et Russes dans le domaine de l’énergie. Le 8 juillet, le pétrolier hispano-argentin Repsol-YPF annonçait qu’il était en négociations avancées avec le russe Rosneft pour prendre une part dans le projet pétrolier et gazier Sakhaline 3.
• Pour Gas Natural, “la signature de l’accord avec Gazprom s’inscrit dans le plan stratégique 2008-2012, dont l’objectif fondamental est de transformer Gas Natural en un opérateur international de gaz naturel et de GNL verticalement intégré”, c’est à dire présent sur l’ensemble de la chaîne gazière, de la production à la commercialisation.
• “Le pari pour une intégration verticale équilibrée constitue un avantage clé dans un environnement compétitif et volatil”, selon Gas Natural.
• Face à l’évolution du marché international du gaz qui s’achemine vers de plus en plus de flexibilité, et à la dégradation des relations avec la société nationale algérienne Sonatrach, Gas Natural cherche d’autres sources d’approvisionnement.
• L’Algérie est de loin le premier fournisseur de gaz à l’Espagne, où Gas Natural est l’opérateur dominant. Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Industrie, le gaz algérien représentait 34,6% du gaz importé par l’Espagne entre janvier 2007 et janvier 2008, devant le Nigeria, le Qatar et l’Egypte.
• La Russie n’était pas représentée.
• Les relations entre Gas Natural et l’Algérie se sont peu à peu dégradées, comme l’a récemment illustré le litige en cours d’arbitrage international sur le projet de Gassi Touil en Algérie, où Alger accuse Gas Natural et Repsol de ne pas avoir respecté leurs engagements contractuels.
• De même, il y eut des frictions lors de la renégociation des prix payé par l’Espagne dans le cadre de contrats de livraison à long terme. L’Algérie voulait relever ce prix négocié à une époque où le gaz valait moins cher, les Espagnols y étant opposés.
• Et d’une manière plus générale, l’essor du GNL est en train de rendre peu à peu le marché plus flexible. La liberté de mouvement offerte par les méthaniers permet de faire jouer la concurrence entre acheteurs, chose qui était impossible lorsque le gaz transitait exclusivement par gazoduc et arrivait donc toujours au même endroit.
• Cette situation va faire jouer la concurrence entre pays consommateurs, et les opérateurs de ces derniers cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnements.