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Madame Benghabrit, la prière et l’école

Par Othmane Saadi
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Madame Benghabrit, la prière et l’école

Lorsque Madame Benghabrit veut interdire pour les élèves la prière à
l’école, elle donne pour raison que “l’école est faite pour apprendre
“. On ne voit pas la relation logique entre ceci et cela. Y a-t-il des
faits, des études qui montrent cette relation, c’est-à-dire que la
prière empêche d’apprendre?Sinon, on est en face de ce qu’on appelle
un préjugé, une idée préconçue, et ce préjugé, comme on le verra, est
purement idéologique.

Les exemples sont nombreux, d’écoles, de collèges, d’universités dans
le monde, de culture, de sensibilité ou d’obédience religieuses,
connues et célèbres pour leur niveau d’enseignement et pour former des
élites. Citons entre autres, les collèges de jésuites, les universités
catholiques en France, à Paris, Lille, Lyon très appréciées et très
recherchées pour leur niveau de réussite, l’Université catholique de
Louvain en Belgique. Dans le monde arabo-musulman deux universités
saoudiennes font partie du top 100 des meilleures universités du monde
et leur mode de fonctionnement obéit à des principes musulmans. etc..
Bref, tout dépend de la qualité des enseignants et des moyens
pédagogiques mis en œuvre.

Si la prière fait perdre du temps pour apprendre, comme semble
l’indiquer Mme Benghabrit, pourquoi alors l’éducation civique, le
projet de formation d’un citoyen aimant son pays, et même, au fond, la
poésie, la littérature, l’éducation physique etc.. Ceci indique que
Mme Benghabrit confond Education et Enseignement, ce qui pose un grave
problème de compétence pour une ministre de l’Education.
L’enseignement est une partie de l’Education. L’Education est, elle,
le tout et comporte , non seulement la transmission des connaissances
( l’enseignement) mais aussi les autres formes d’éducation:
esthétique, morale, physique. Il est regrettable d’avoir à rappeler de
telles évidences.

Un détail à présent, mais qui est significatif: Mme Benghabrit emploie
le mot de”Moumarassat” (“pratiques”)en parlant de la prière, au lieu
de “Ibada”, ce qui a soulevé de nombreuses réactions de protestation.
Au-delà des mots, il y a la culture. Il est évident que Mme Benghabrit
pense en français et traduit donc en arabe le mot français. On mesure
à ce sujet le fossé qui peut séparerde la culture nationale une élite
influencée par la culture coloniale . On est, en fait, devant une
anomalie, probablement sans précédent dans l’Histoire: la ministre
de l’Education qui ne connait pas la langue de l’École. Il y a des
limites à ne pas dépasser , au risque d’humilier un peuple.

On pourrait faire observer que même sous l’angle du thème impropre de
“pratiques” concernant la prière, MmeBenghabrit est en défaut de
pertinence. En effet, culturellement, Il faut pratiquer la prière pour
la connaitre et on peut tout à fait comprendre, que la prière à
l’école, s’intègre dans ce projet éducatif. Il en est de même pour la
levée tous les matins du drapeau national et le chant Quassamen.

Il s’agit , en fait, comme je le disais, d’un préjugé, et d’un préjugé
idéologique. Il est évident pour tout le monde que l’idéologie qui
s’avance, ainsi masquée, est l’idéologie laïque. Dire en effet que la
prière doit se pratiquer à la maison, c’est dire, d’une autre manière,
que l’école doit rester en dehors de la religion. C’est la définition
même de la laïcité pour l’école. Très bien. C’est une opinion et elle
a le droit d’exister. Nous sommes en démocratie. Mais à condition
qu’elle n’essaye pas de s’imposer à la société par effraction, de
façon autoritaire et répressive,sans tenir compte de la position de
l’immense majorité des Algèriens sur la question. Le fait même que
cette opinion, ce projet laïc s’avance masqué est en lui-même
significatif de son illégitimité , en même temps du danger d’un tel
procédé pour la stabilité de la société. En effet, la question est :
est-ce que ce projet d’Ecole laïque a l’assentiment de la société. La
réponse est évidemment non et Mme Benghabrit n’a pas le droit
d’entrainer le pays, le gouvernement dans ses ambiguïtés.

Toutes ces escarmouches incessantes autour de la religion à l’école (
éducation religieuse, suppression du “bismillah”, prière etc..) se
présentent comme une lutte pour la modernité, et contre les
“islamo-conservateurs”. Mais les apparences sont trompeuses. Le projet
réel, qu’on essaye de “vendre” derrière l’apparence d’une lutte entre
la rationalité moderne et le conservatisme, est en réalité celui de
garder ou développer la place de la langue française dans
l’enseignement .Il est concomitamment de limiter celle de la langue
et de la culture arabe ou de la réviser à travers un harcèlement
incessant contre les positions qu’elle avait acquises. Preuves en sont
: la tentative, qui a pour le moment échoué, de ressortir le vieux
thème colonial de l’opposition entre arabe littéraire et arabe parlé,
et celles incessantes de restreindre l’utilisation de l’Arabe dans les
sciences.La posture laïque, ici, n’intervient que parce que la
religion a pour support la langue arabe. Preuve en est encore, le
manque d’enthousiasme manifeste de ce courant laïque, principalement
francophone, d’utilisation de la langue anglaise, alors que c’est
d’évidence l’intérêt scientifique et économique du pays dans le monde
actuel.

Le projet laïc, dans cette version, où la langue arabe est harcelée,
persécutée, pour suspicion d’irrationalité et d’incapacité générique à
porter la rationalité, serait alors un projet néocolonial comme
l’école laïquefrançaise en Algérie était coloniale.

S’il y avait réellement un projet de rationalité moderne et de lutte,
non contre l’Islam, mais contre le conservatisme, et que ce projet
s’appuyait sincèrement sur la langue arabe, gageons qu’ici, comme
ailleurs, il gagnerait les esprits et les cœurs.

On sait que la laïcité est une exception française dans le sens où
elle est le résultat de l’Histoire de ce pays, et qu’elle a donc de
ce point de vue une cohérence. Mais ce qui différencie cette laïcitéde
celle que nous propose Mme Benghabrit et le courant politique et
idéologique qui la soutient, , c’est que ses fondateurs, directs ou
indirects, comme “Les Lumières”, Voltaire, Diderot, Jean Jacques
Rousseau, ont développé et diffusé la langue et la culture françaises
et l’ont ardemment défendue. Comme on aimerait que ce soit ici, aussi,
le cas pour la langue et la culture arabes.

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