Nouvelles manifestations en Syrie malgré les promesses d'Al Assad

Aux cris de “Nous voulons la liberté!”, plusieurs milliers de Syriens ont manifesté dimanche à Deraa, répondant à l'appel de militants pro-démocratie à l'occasion de la fête nationale, malgré les annonces faites la veille par leur président Bachar el-Assad sur la levée prochaine de l'état d'urgence.

Un autre défilé a par ailleurs rassemblé environ 300 personnes à Soueida, à environ 130km au sud-est de la capitale Damas, selon des témoins qui affirment que les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à coups de bâton. Ces informations étaient impossibles à confirmer de manière indépendante, le régime syrien ayant expulsé les journalistes étrangers présents dans le pays.

Au lendemain de l’intervention télévisée de Bachar el-Assad, le principal mouvement pro-démocratie de Syrie avait appelé la population à manifester pacifiquement ce dimanche dans plusieurs villes du pays et à l’étranger à l’occasion de la fête nationale. A Deraa, les témoins joints par téléphone ont rapporté que la foule scandait: “Celui qui tue son propre peuple est un traître!” ou “Le peuple veut renverser le régime”.

Sur son site Internet, le mouvement Déclaration de Damas a appelé à ces manifestations “pour renforcer le soulèvement populaire en Syrie et assurer sa continuité”. D’autres organisations militantes avaient également appelé à manifester par le biais de réseaux sociaux sur Internet.

S’exprimant devant son gouvernement, le fils de Hafez el-Assad a annoncé samedi l’abrogation dans les prochains jours des lois sur l’état d’urgence instaurées il y a près de 50 ans. Le dirigeant syrien a en revanche prévenu qu’il n’y aurait ensuite plus d'”excuse” à la contestation qui secoue le pays depuis un mois et qui a fait plus de 200 morts, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.

Dans un communiqué mis en ligne sur son site Internet, la Déclaration de Damas réaffirme le droit à la population à manifester pacifiquement et accuse le régime syrien d’être responsable des morts et blessés des quatre dernières semaines. “Le régime est le seul responsable du sang des martyrs et de ce qui va arriver par la suite dans le pays”, affirme l’organisation.

La levée de l’état d’urgence annoncée par Bachar el-Assad est l’une des principales revendications des manifestants qui défient le régime de Damas depuis un mois. En vigueur depuis l’arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963, ces lois permettent des arrestations sans inculpation et étendent l’autorité de l’Etat sur quasiment tous les aspects de la vie des Syriens.

Mais, dès cette annonce faite, des milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans les rues samedi, montrant que les dernières promesses du raïs syrien ne suffiront apparemment pas à calmer la colère de la rue.

Par ailleurs, l’agence officielle syrienne SANA a affirmé que les forces de sécurité avaient saisi au poste frontalier de Tanaf une importante quantité d’armes cachées dans un camion venant d’Irak, dont des mitrailleuses, des fusils automatiques, des lance-grenades et des lunettes de vision nocturne. Selon SANA, un semblable chargement aurait été confisqué le 11 mars dernier. Samedi, Bachar el-Assad avait à nouveau affirmé qu’une “conspiration étrangère” était derrière le mouvement de contestation dans son pays.