Après 40 ans d’attente, la Turquie n’attend plus rien de l’UE, selon Erdogan

Ankara s’éloigne un peu plus de l’Union européenne (UE). « La Turquie n’attend plus rien de l’Union européenne qui nous a fait patienter à sa porte depuis quarante ans », a affirmé dimanche 1er octobre le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
« Nous avons tenu toutes les promesses que nous avons faites à l’Union européenne, mais eux, ils n’ont tenu presque aucune des leurs », a dénoncé le chef de l’Etat devant la session inaugurale du Parlement, ajoutant qu’il ne « tolérera pas de nouvelles exigences ou conditions au processus d’adhésion » de la Turquie, selon Le Monde.
« S’ils ne font pas marche arrière sur certaines injustices comme l’imposition des visas, qu’ils utilisent comme une sanction latente, s’ils ne corrigent pas leurs erreurs […], ils perdront intégralement le droit d’exprimer des attentes politiques, sociales, économiques ou militaires de notre part », a-t-il prévenu. Et d’ajouter: « Si l’Union européenne a l’intention de mettre fin au processus d’adhésion qui n’existe que sur le papier, ce sera leur décision. »
Épinglé par la Cour européenne des droits de l’homme
La colère du président découle par ailleurs du dernier arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a épinglé cette semaine la Turquie: elle lui reproche d’avoir condamné un homme pour appartenance à une organisation terroriste armée en se fondant sur sa simple utilisation de l’application de messagerie cryptée Bylock.
Bylock est considérée par Ankara comme l’outil de communication privilégié des responsables présumés du putsch manqué de 2016, qui a fait 250 morts et qui a été suivi d’arrestations massives et de purges sans précédent dans l’histoire moderne de la Turquie.
Le gouvernement turc a attribué la tentative de coup d’Etat à l’organisation FETO, l’acronyme utilisé par Ankara pour désigner l’« Organisation terroriste des partisans de Fethullah » Gülen, dont il était autrefois l’allié, accusé d’être le prédicateur du putsch.