L’Algérie joue-t-elle un rôle de médiateur entre Ankara et Abu Dhabi?

La deuxième journée de la visite de travail qu’a effectuée le président Recep Tayyip Erdogan en Algérie a coïncidé avec la venue du ministre émirati des Affaires étrangères Cheikh Abdullah Bin Zayed Al Nehyan…Est-ce un hasard ou pas?

En effet, certains cercles estiment que l’Algérie jouait les médiateurs entre la Turquie et les Emirats arabes unis (EAU) afin de ne pas laisser le fossé se creuser davantage entre ces deux pays dont la divergence aurait failli tourner, il  y a quelques mois, en confrontation militaire sur le sol libyen.

En tout cas, il n’y a pas d’informations officielles sur ce sujet car de telles initiatives se font généralement en toute discrétion de crainte qu’une tierce partie n’intervienne pour saborder tout compromis.

Il y a, à dire vrai,  plusieurs signaux qui démontrent qu’une telle initiative a bel et bien eu lieu :

Le premier point concerne la diplomatie algérienne est en quête d’un rôle important lui permettant de revenir au devant de la scène après de longues années d’absence; accentuée par la maladie de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika, sachant que la diplomatie avait été rattachée à la Présidence.

Le second est celui lié à la crise libyenne et ses conséquences sur la sécurité en Algérie. En vérité, les autorités algériennes sont conscientes qu’un rapprochement entre Ankara et Abu Dhabi favoriserait une fin des hostilités et du conflit qui rongent la voisine de l’Est. Une situation qui constitue un vrai casse-tête pour la communauté internationale.

D’ailleurs, un éventuel succès de l’Algérie pourrait à la fois apaiser la tension entre la Turquie et les EAU et régler la crise libyenne.

Autre point allant également dans ce sens, c’est plutôt la déclaration du ministre émirati des Affaires étrangères affirmant, lors d’une conférence de presse à Alger, avoir rencontré son homologue Sabri Boukadoum à trois reprises en moins de deux semaines. Une première rencontre a eu lieu lors d’un déplacement qu’a effectué ce dernier aux Emirats, la deuxième à l’occasion de la Conférence de Berlin en plus d’une troisième en Algérie.

Rappelons que l’Algérie entretient d’importantes relations tant avec Ankara qu’avec Abu Dhabi. D’ailleurs, les investissements turcs en Algérie ont atteint des niveaux appréciables, notamment dans les domaines de l’Habitat, des travaux publics….

Bien que les investissements émiratis en Algérie sont à un degré moins mais ils concernent un des secteurs les plus stratégiques, à savoir l’industrie militaire.

Si plusieurs indices renseignent que la médiation pourrait aboutir à des résultats reluisants, la présence de plus d’une partie sur le sol libyen pourrait en revanche saborder les efforts consentis par l’Algérie.

Mohamed Meslem / Traduit par: Moussa. K.