Tournée d'adieu de George Bush en Europe.

Le président Américain George Bush entame une tournée d'adieu dans les capitales européennes qui devrait susciter un accueil poli de la part de dirigeants déjà tournés vers son futur successeur.
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Derrière les sourires et les poignées de mains, un certain sentiment de soulagement devrait animer les hôtes du chef de la Maison blanche qui voient dans l’élection du prochain président l’occasion de redorer une image des Etats-Unis ternie par la guerre en Irak et d’autres politiques controversées.
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Bush commencera sa tournée par un sommet UE-USA en Slovénie avant de poursuivre sa visite, programmée du 9 au 16 juin, en Allemagne, en Italie, en France et en Grande-Bretagne, ses partenaires transatlantiques avec qui il n’a pas été toujours en phase. Il ira également en Irlande du Nord et rendra visite au pape Benoît XVI au Vatican.
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Bien que chargée, la tournée du président Bush soulignera le déclin de son influence internationale alors que le duel entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain accapare déjà les esprits.
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“Bush voyagera dans une petite bulle de palais en palais”, déclare Joseph Cirincione, un expert de politique étrangère à Washington. “Il aura droit à des cérémonies de bienvenue, des séances photos, peut-être quelques louanges – puis il sera vite oublié.”
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A moins de huit mois de son départ de la Maison blanche, Bush ne devrait guère se voir offrir grand-chose pour réduire le fossé qui sépare Washington des dirigeants européens sur des dossiers comme le réchauffement climatique, la résurgence de la Russie ou le défi iranien.
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Consciente que Bush est peut-être encore plus impopulaire en Europe qu’aux Etats-Unis, la présidence américaine n’a placé aucune attente dans cette tournée, qui devrait susciter des rassemblements de protestation dans les pays où le ressentiment contre le chef de la Maison blanche est le plus aigu.
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L’objectif de ce voyage, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Stephen Hadley, visera à essayer d'”avancer des pions” sur un certain nombre de questions. “Je ne crois pas qu’on assistera à des annonces spectaculaires”, reconnaît-il.
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L’entourage du président espère cependant que sa relation personnelle avec des alliés comme l’Allemagne ou la France lui permettra de reléguer dans le passé les divisions exacerbées sur l’Irak, afin de peaufiner son bilan.
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La Maison blanche veut ainsi afficher des relations améliorées avec Berlin, Paris ou Rome, gouvernés par des dirigeants idéologiquement proches, et réaffirmer la “relation spéciale” de Washington avec le Royaume-Uni.
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Où qu’il aille, Bush devrait cependant trouver des interlocuteurs de plus en plus préoccupés par l’élection présidentielle du 4 novembre.
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“Les dirigeants européens sont déjà dans l’après-Bush et mis à part quelques petites choses qui peuvent encore être faites avec lui (…), l’attention est désormais concentrée sur McCain et Obama”, souligne Antonio Missiroli, directeur de recherches au Centre de politique européenne à Bruxelles.
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Dans l’ensemble du continent, l’espoir est de voir élu à la Maison blanche un président adoptant une approche différente de la “diplomatie du cow-boy” prêtée à George Bush.
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Obama, qui peut devenir le premier Noir élu président des Etats-Unis, semble le favori des Européens. Un récent sondage publié par le Daily Telegraph à Londres le créditait de 52% de soutien dans cinq grandes puissances européennes – Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Russie – contre 15% pour son adversaire républicain.
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“C’est l’Obama-mania, à la manière européenne”, commente Reginald Dale, expert des affaires européennes au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington. “Ils sont dingues de lui.”
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Beaucoup d’Européens apprécient la volonté affichée par Obama de dialoguer avec l’Iran ou d’autres ennemis déclarés des Etats-Unis, et sa promesse de retirer les forces américaines d’Irak.
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Obama ainsi que McCain ont aussi recueilli l’assentiment du Vieux Continent en s’engageant à fermer le camp de détention de Guantanamo ou à oeuvrer davantage à la lutte contre le réchauffement climatique.
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Même si ses jours à la Maison blanche sont désormais comptés, George Bush compte profiter de sa tournée pour exhorter ses alliés à faire pression sur l’Iran ou défendre son approche de la lutte contre le changement climatique en y incluant les grandes économies émergentes.
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Mais le président a déjà pu avoir un avant-goût des limites de son influence lors du sommet de l’Otan à Bucarest en avril dernier, quand les Allemands et les Français ont repoussé son idée d’ouvrir immédiatement des négociations d’adhésion pour l’Ukraine et la Géorgie.