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Crimes commis contre les journalistes à Gaza :

Anthony Bellanger : Nous sommes en train de soumettre un troisième dossier devant la CPI

Propos recueillis par Madjid Serrah
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Anthony Bellanger : Nous sommes en train de soumettre un troisième dossier devant la CPI
Mahmud HAMS / AFP

Le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, Anthony Bellanger, et dans ses réponses aux questions d’Echorouk Online, revient sur la situation des journalistes à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre, et parle des actions de la FIJ pour arrêter les crimes commis contre ces journalistes.

Echorouk Online : Dans leur dernier bilan du 24 décembre, les autorités palestiniennes à Gaza ont annoncé l’assassinat de 103 journalistes depuis le 7 octobre par l’armée d’occupation, et votre organisation, et d’autres ONG, aient accusé l’armée d’occupation de cibler délibérément les journalistes. Pourquoi à votre avis nous ne voyons pas d’action concrète pour arrêter ces crimes?

Anthony Bellanger : Les réponses à vos questions sont multiples et dépassent le cadre de mes fonctions de représentant de tous les journalistes dans le monde, notamment sur les aspects d’alliances politiques et géopolitiques. En revanche, ce que nous condamnons, c’est le refus des autorités israéliennes de laisser les civils, dont les journalistes, quitter la bande de Gaza. Ce qui est le cas dans tous les autres conflits. Lorsqu’une population entière, composée essentiellement de femmes et d’enfants, ne peuvent se réfugier dans un pays limitrophe et protéger leur vie, il y a clairement une volonté de la part du gouvernement israélien de poursuivre ce massacre que nous dénonçons depuis le départ. Ce qui s’apparente à des crimes de guerre.

Lors de votre mission en Palestine, vous avez déclaré entreprendre plusieurs actions auprès des institutions internationales pour les sensibiliser aux souffrances des journalistes palestiniens. Où en êtes-vous dans ces efforts et quelles avancées ont été réalisées jusqu’à présent?

Je suis toujours en contact étroit avec les Nations Unies, notamment l’Unesco, l’agence des NU chargée de la protection et de la sécurité des journalistes, mais tout pendant que le gouvernement israélien continue de bombarder le sud de la bande de Gaza, refuse l’entrée de matériel pour les journalistes (gilets pare-balle et casques) et aussi l’entrée de journalistes étrangers pour qu’ils puissent remplir leur mission d’informer, leur tâche est impossible.

Par ailleurs, nous sommes en train de soumettre un troisième dossier avec nos avocats internationaux devant la CPI pour les crimes commis contre journalistes, mais j’ai de gros doutes sur sa capacité à tout suivre, compte tenu du nombre élevé de dépôts et aussi sur le fait que nos premiers dossiers de 2022, dont l’assassinat de Shereen Abu Akleh, sont toujours à l’instruction plus de 18 mois après!

Pourriez-vous nous décrire les conditions de vie et de travail des journalistes palestiniens depuis le 7 octobre? 

Elles sont catastrophiques. A Gaza, quasiment tous ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, leur habitation et n’ont ni eau, ni nourriture, ni électricité. Là aussi, le pouvoir israélien poursuit sa politique sur les civils aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie où les journalistes sont souvent menacés, pourchassés quand ils ne sont pas emprisonnés de façon arbitraire.

À quelques exceptions près, les souffrances des Palestiniens, y compris celles des journalistes, sont invisibilisées dans les médias occidentaux. La FIJ travaille-t-elle pour sensibiliser les médias et les journalistes à l’importance d’une couverture médiatique complète et objective de la situation à Gaza?

La FIJ est une fédération professionnelle mondiale de travailleurs des médias et ce que vous mentionnez dépend de la ligne éditoriale des patrons de presse. En revanche, nos syndicats membres, en interne, rappellent les principes professionnels de la FIJ, l’égalité de traitement et s’appuient sur la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la FIJ. Je veux ici tout de même préciser, comme je l’ai fait à Ramallah, que de nombreux confrères/consoeurs et médias font leur travail correctement, mais ce sont rarement les grands médias et encore moins les chaînes de télévision en continu qui ont clairement un parti pris et relaient les propagandes. Dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs. Et toutes les régions du monde sont concernées. Pas seulement les médias occidentaux. Lorsque les médias ne relaient qu’un point de vue, au mieux, ils font de la communication, au pire, ils diffusent la propagande.

Ce que subissent les journalistes palestiniens aujourd’hui n’est pas nouveau. En 2018, des snipers de l’armée d’occupation ont ciblé des journalistes à Gaza, en 2021, la même armée a visé des sièges de médias à Gaza, et en 2022, c’est la journaliste Shireen Abu Akleh qui a été assassinée toujours par l’armée de l’occupation. Pensez-vous que cette impunité prendra fin un jour ?

Je ne suis pas voyant ou devin, mais journaliste, et je ne m’appuie que sur des faits. Force est de constater que j’ai de grosses inquiétudes pour l’avenir de cette région et de ses habitants. Mais nous devons rester debout afin de tout faire pour que ces crimes s’arrêtent. Et la FIJ s’y emploie tous les jours. A commencer par un cessez-le-feu définitif.

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